Nina Urman

• D’où est venue ton envie première ?


Depuis que je suis née, je crois à une chose : la joie. Et j’ai toujours voulu apporter la joie et une certaine légèreté autour de moi et dans ma famille en particulier. J’ai été un enfant très éveillé, luminaire et créatif. 


• Peux-tu nous parler de ton parcours ?


Je suis née en Siberie, à Novosibirsk, la troisième ville de la Russie. À l’âge de 9 ans j’ai déjà essayé la danse, le piano avant d’arriver en Allemagne mais pas de quoi devenir une championne. Mon père a alors eu l’idée du tennis. Et en m’offrant ma première raquette, une raquette en arc-en-ciel, pleine de couleur et de joie, il me dit avec amour et conviction : “ Tu vas devenir joueuse de tennis professionnelle ! ”
Dans ma tête de petite fille de 9 ans, devenir championne (de tennis) devient ma mission. Portée par le bonheur qu’éprouverait ma famille et donc moi, j’épouse le challenge du tennis et on devient la « Nina team ». Ce n’est pas seulement mon projet mais bien celui de la famille. 
À l’âge de 15 ans, je quitte l’école et déménage en Floride dans la fameuse académie de tennis Bolletieri. Je m’entraîne dur. Je me réveille à 5 h du matin pour la muscu, pour les visualisations; puis les entraînements les uns après les autres… 8 heures par jour, 6 jours de la semaine et les tournois le week-end.
J’ai désormais un Coach privé qui m’accompagne et un coach d’équipe qui me pousse à devenir la meilleure. Mon but : championne – Numéro 1 dans le monde. 
Mais avec le temps, mon petit sac à dos devient de plus en plus lourd… Chaque match gagné est une victoire, un objectif atteint, un très bref moment de bonheur, mais il faut déjà se concentrer sur la prochaine cible. Peu importe ce que vous accomplissez, il faut toujours aller plus haut, plus loin, c’est la drogue de la performance. 
Maintenant, de l’extérieur, j’ai atteint l’objectif, je suis championne, j’ai cette vie parfaite: Je voyage à travers le monde, joue les meilleurs tournois, je commence à gagner de l’argent… j’ai la belle vie n’est ce pas ?
Mais chaque point perdu c’est le risque d’apercevoir un visage déçu, mais chaque point gagné c’est aussi voir la déception chez son adversaire… c’est comme s’il n’y avait pas de joie totale possible. 
Et ce malaise, c’est mon corps qui va le vivre d’abord, et le corps ne ment jamais. Ma vision s’affaiblit jusqu’a moins 6. J’ai besoin de lunettes comme ça pour voir la balle… Mes poignets ont des mini fractures, je dois prendre de l’ibuprofen pour supporter là douleur. Mon dos, mon épaule tout fait mal. Mais le plus douloureux encore, c’est ce sentiment de solitude qui s’installe. Toute mon identité semble attachée aux résultats, à la réalisation, à la performance, (à ma propre image). Quand je gagne un match, je suis ici… et quand je perds… je ne vaux rien. 
Un jour d’hiver en 2004 Je me souviens d’un moment dans les vestiaires où tout a basculé.
Je venais de gagner un match difficile qui avait duré des heures… je sentais la douleur dans tous mes muscles, l’épuisement. Les ampoules me brûlaient les mains et je tremblais. À l’extérieur les gens applaudissaient. A l’intérieur, je me sentais vide, seule, comme paralysée par la peur sans vraiment comprendre. Les choses semblaient se passer au ralenti.
(Bien sûr je vivais des rencontres et des moments incroyables, des expériences que je n’oublierai jamais) mais j’avais beau être devenue championne, je n’éprouvais plus de la joie mais de la peur, la peur de ne plus être aimée pour qui j’étais mais pour les trophées que je rapportais. Ce que je faisais semblait plus important que celle j’étais. 
J’ai arrêté, mais petit à petit, et sans m’en rendre compte, j’ai remplacé une performance par une autre en reprenant des études, double master, Paris, Sciences Po etc. J’avais quitté le tennis mais pas la performance. 
J’ai compris plus tard que ce qui me faisait peur c’était de voir les espoirs de mes parents s’évanouir et avec leurs espoirs, la joie. Mais ce que je n’avais pas compris, ressenti c’est que peut-être qu’eux aussi ils avaient peur, peur de ne pas se réaliser et en ne se réalisant pas… de ne pas être aimé ?
Aujourd’hui que je suis maman, je sens bien qu’on peut parfois demander à nos enfants de nous réaliser. Mais ce que je n’avais pas encore vu c’est l’amour. 
Quelques années plus tard, j’ai eu la chance que l’amour remplace la performance. Je n’ai pas choisi le mari parfait : 4 enfants, dont un enfant autiste, divorcés deux fois, 16 ans de plus que moi… pas vraiment le mari parfait, mais l’homme que j’aimais et qui m’aimait. 
En trouvant l’amour, j’ai compris celui de mes parents. C’est par amour qu’ils voulaient que je sois championne, pour avoir une vie de championne ou plus exactement une championne de vie, c’est-à-dire la meilleure vie possible. Aujourd’hui, j’ai cette vie là. Bien sûr l’envie d’être performante se manifeste parfois mais j’essaie de la remplacer par l’amour à chaque fois que je peux. Les 4 enfants se sont transformés en 6 avec les deux nôtres et j’ai retrouvé ma joie et l’envie d’être moi.
Au fond, la performance me guidait pour que je donne le meilleur de moi-même mais quand j’y pense aujourd’hui, je me dis que ce qui nous guide vraiment pour donner le meilleur de soi, c’est l’amour.

• As-tu un cursus scolaire ou autre qui a pu te soutenir dans tes démarches ?


Je suis un vrai “patch work”de divers tissus 🙂 
Après ma carrière de tennis professionnelle … J’ai étudié le théâtre, la communication, la sociologie, les finances et puis les affaires internationales… Puis tombée amoureuse d’un homme 16 ans de plus que moi avec déjà 4 enfants, j’ai décidé d’être pleinement femme et maman pendant que j’ai construit Inside Out et les cercles de femmes. Ma mission est d’aider les gens à retrouver leur Essence, leur Authenticité. 
Aujourd’hui je sens une vraie unification organique des deux mondes: personnelle et professionnelle. 

• As-tu eu peur de te lancer ?


Pas vraiment, plutôt une excitation profonde. J’ai reussi à lacher prise et à me faire confiance.

• Quel est a été ton plus gros défi ?

D’être dans mon authenticité et de ne pas jouer des rôles pour faire plaisir aux autres  ou “être là pour tout le monde en même temps”, être “the fixer”:-) 

• As-tu des regrets ?

Non, je considère que la vie est un chemin et toutes les expériences sont des apprentissages… des cadeaux de la vie. 

• D’ordinaire, es-tu plutôt quelqu’un de positif ou autre ?

J’essaie toujours de voir le bon dans les gens et des situations…si je n’y arrive pas 

• As-tu confiance en toi depuis toujours ?

Au fond de moi je pense que j’ai toujours fait confiance à la vie et aux autres. Mais mon ego s’est manifesté beaucoup de temps en temps et je me sentais très insecure et seule pendant plusieurs périodes de ma vie…surtout la période du tennis.


• A-ton essayé de te décourager ?


• Quel est ton truc, ton astuce pour te recentrer quand tu as l’impression que tu perds pied ?

Méditation, espace, être seule, écrire et libérer les énergies négatives 


• Quel est ton rêve absolu ?


Etre dans le FLOW la plupart du temps. Je le vis aujourd’hui. 


• As-tu l’impression de t’être réalisée pleinement ? 

Je me sens complète et pleine de ressources. En même temps si je suis là, il y a des choses à apprendre et à relâcher. Je suis prête 🙂 

• Comment réussis-tu à allier vie personnelle et professionnelle ?


Souvent quand les gens me demandent ce que je fais dans la vie, je dis que je suis energy manager 😉 j’ai bientôt 7 enfants (dans 3 mois) et trouver un vrai équilibre n’est pas toujours facile. Mon secret est d’essayer d’être complètement authentique et moi même dans toutes les situations
Circulation de l’amour: donner et recevoir dans l’équilibre. S’aimer et donner de l’amour sans compter. 
Cet équilibre là est clé pour moi. 

• D’où tires-tu ta motivation ?

J’ai envie d’aider les autres. C’est ma mission et elle me motive énormément. 

• As-tu d’autres défis que tu souhaiterais relever ?


J’aimerais bien créer des cercles de famille et me concentrer sur la conscience des enfants et leurs parents . 

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